jeudi 24 juin 2010

FINdia


Alors, c'était comment?
Si vous avez lu ce blog, vous savez. Si vous ne l'avez pas lu, lisez-le! Et en bref? C'était fabuleux, déstabilisant, enivrant, et incroyablement enrichissant.

Le top 3
Hummm.
1 exaeco: les îles Andaman et l' Himalaya. Les îles, c'est le paradis, et c'est une valeur sûre. Les montagnes, ça a été LA surprise du voyage, je ne m'attendais pas du tout à accrocher autant.
2: les temples de Khajuraho hors saison...on a eu l'impression d'être les premiers à découvrir le site, magique.
3: discerner un tigre camouflé dans son environnement naturel, majestueux.

Que penses-tu des indiens?
Question difficile. De certains peuples on peut dire qu'ils sont gentils, fainéants, généreux ou grincheux. Des indiens, je dirais surtout qu'ils sont beaucoup trop nombreux. Et du coup j'ai eu l'impression de voir de tout, partout, comme une représentation de notre monde, dans un seul continent. Le contact était plus facile et bien plus authentique à Dhampur qu'en back-pack. J'ai eu la chance d'apprendre à connaître mes voisins au fil des mois, alors qu'en voyage on revêt malgré nous le costume du portefeuille sur pattes, et les rencontres désintéressées sont rares.

En conclusion, le pays est magnifique, mais il faut prendre le temps, parce que les trajets sont longs, le chaos constant est pesant, et dépendant de la saison la chaleur est accablante. Ne vous imaginez pas qu'avec un petit ventilateur et une bouteille d'eau fraîche le tour est joué, parce que la majorité des patelins un peu paumé n'ont pas l'electricité H24. C'est imprévisible, désordonné, et bourré de charme. Je me suis laissé séduire, et j'ai fait des progrès phénoménaux en patience.


Comme son nom l'indique, cet article est le dernier de Sandindia. Si vous avez aimé, que vous en redemandez, je vous propose de me suivre sur Sandiscuter: http://sandiscuter.blogspot.com
NAMASTE!
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lundi 14 juin 2010

Village-hopping dans l'Himalaya


Quand on est arrive a Shimla, station climatique au pied du Grand Himalaya, il pleuvait comme vache qui...se soulage. Ca a dure toute la journee, et comme le parapluie ne faisait pas partie des invites, on s'est partage un K-way (enfin un sac en plastique), facon Laverne-Hoagie-Bernard (wink wink Zey).



Afin d'optimiser les 5 jours, on s'offre un trek dans la vallee du Kinnaur. Kaku, notre chauffeur-guide, est aussi amical que professionel. Chaque etape est plus epoustouflante que la precedente, nos chambres d'hote ont vue panoramique sur les imposantes reines blanches de l'Himalaya. Chaque jour on decouvre un nouveau village, de Narkanda a Chitkul, a 40km de la frontiere tibetaine, en passant par Sarahan, Sangla, Karcham, avec toujours plus de temples en bois et toits d'ardoise, de routes vertigineuses, de vallees de coniferes. Les randonnees sont parfois ardues, mais la vue est toujours une recompense a la hauteur. 
Le dernier jour on aurait bien signe pour encore 3 semaines, si ce n'est pour les ampoules, parce que les marches de 30 km sans chaussures adaptees, ca fait enrager les orteils!







Et comme tout est toujours loin de tout, on fait 9h de voiture, puis 9h de bus pour atteindre Dehradun, d'ou on attend un train de 6h pour rejoindre Delhi.
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dimanche 6 juin 2010

Shere Khan, Kama Sutra et lieu cache


Shere Khan au reveil
C'est un deuxieme reve realise. Le premier etait d'aller sur une ile. Avec l'escapade aux Andaman, c'est chose faite. Pour le deuxieme, j'etais dans une jeep lors d'un safari dans le Bandhavgarh National Park. La reserve compte 34 mammiferes et le tigre est le premier que nous ayons apercu a travers les feuillages a 6h du matin. Plus tard, nous avons aussi vu son diner, Bambi, ou plutot un troupeau de Bambi. Mes yeux fatiguaient a force de scanner la foret et scruter les buissons, mais nous avons aussi debusque de tres beaux oiseaux, des sambars et des singes.
Au final il faut bien avouer qu'apres 8 heures de jeep (de 5h a 9h et de 15h a 19h) si je n'avais pas vu de tigre j'aurais peste (je sais c'est mal, mais faut pas charrier, chez nous aussi il y a des biches et des oiseaux ;-). Mais apres avoir pu admirer la panthera tigris, mon sourire a tenu les 8 heures facile.


Karma Sutra
De Khajuraho je n'ai pas grand chose a dire. Par contre j'ai beaucoup a montrer! Tous les voyageurs que j'ai croise s'accordaient a dire qu'ils avaient vecu ici le pire harcelement touristique. Nous sommes arrives mefiants, et repartis enchantes. Hors saison le village est paisible, et meme si les commercants font tout pour aimanter nos roupies, ca n'a jamais ete enervant au point d'etre desagreable. On a meme fait quelques rencontres fort sympathiques, de celles qui sont denuees de tout interet economique (ou presque).
Les temples de la dynastie des Chandela, eriges il y a plus de 1000 ans, sont etonnamment bien conserves. Recouverts de statues erotiques (et plus si affinite), ils ont le merite d'offrir une visite surprenante, le but des Chandela ayant ete de representer le bodha - plaisir physique -, allie essentiel du yoga - exercice spirituel - pour atteindre le nirvana.




Caches
Nous sommes maintenant a Orccha, "lieu cache", un tout petit village construit autour des nombreux temples, palais et cenotaphes datant de l'epoque ou les rajas Bundela en ont fait leur capitale. La visite du palais principal offre un decor ideal pour le prochain James Bond. Nous avons joue a cache-cache avec le seul autre touriste dans l'enceinte, un espion assurement!


samedi 29 mai 2010

Le paradis avec un A


Si je vous dit cocotiers, plages de sable blanc, eau turquoise et poissons, ca fait cliche. Alors je vais plutot vous raconter qu'on est hors-saison, que donc il ne fait pas (tout le temps) beau, que du coup on a ces paradis perdus pour nous seuls, que meme sous la pluie c'est superbe, ca fait meme ressortir la jungle luxuriante.

Du coup pas le temps de s'ennuyer: on fait des chasses au tresor de coquillages, on organise une course pour les Bernard l'Hermite, on guette les crocodiles pres d'une cascade, on s'enfonce dans la jungle sur les traces des elephants, on tombe en panne d'essence et on (enfin Steph) pousse le scoot 3km, on sauve un dauphin blesse pris au piege a maree basse, on boit l'eau de coco a meme la noix, on body-surf des petits tubes parfaits sur une plage appelee N#5, on sert de casse-croute aux moustiques affames, on traine sur les ponts des bateaux d'ile en ile, on essuie une pluie de mousson tout equipes, on fait notre bapteme de plongee (je suis accro)...bref, les iles Andaman nous gatent.


...S...&...S...


Butler Bay, Little Andaman

Manish, notre moniteur de plongee chez Barefoot Scuba


Radha Nagar Beach, Havelock Island

Paisible et humide demeure


Shantiniketan. Depuis la gare de Barddhaman a 12 heures de train de Varanasi (14h donc), le village est sense etre facilement accessible par un train "express" de 45 minutes. Mais quand ce train (et tous les autres dans la meme direction) est annule 5 minutes apres que j'ai achete mon billet, ca devient tout de suite beaucoup plus complique. Deja, se faire rembourser le billet est une affaire de volume de voix et elasticite du bras. C'est a celui qui parvient a se faire entendre en tendant son billet au guichetier a travers la melee tout en esperant que la monnaie rendue atterrisse dans la bonne main. Une fois cette etape passee, direction la gare routiere. La-bas l'employe du service de bus publics est categorique, il n'y a pas de bus pour ce village. Pas maintenant, et pas plus tard. Pas demain non plus. Impossible de savoir si la route est bloquee, s'il y a une greve, si le village a disparu de la carte dans la nuit. En perseverant, je finis par trouver un bus "prive" qui s'y rend. Manque de bol on doit changer de vehicule a mi-chemin, et je me retrouve plus serree qu'un oeuf de caviar en conserve pour les 2 heures restantes. A 80 dans un bus (sans compter les gens sur le toit) et par 40 degres, je me liquefie litteralement. Quand on atteint enfin Bolpur, l'arret final a 2km de ma destination, il fait deja nuit. 

Dans le bus j'ai rencontre Sabir, un artiste peintre, et il connait des etudiantes qui peuvent me preter un lit. Le lendemain Sabir me fait visiter Shantiniketan, construit plus ou moins autour de la grande et prestigieuse universite fondee par Rabindranath Tagore en 1901. Le campus verdoyant abrite quantite de fresques et sculptures eclectiques.
Le soir Sabir invite quelques amis et cuisine un poulet Biryani, m'offrant au passage une experience des plus authentiques.
Je reprends la route le lendemain pour Kolkata. 
S&S = J-1.


Une des oeuvres de Sabir

lundi 17 mai 2010

Chez Rahul from Vara

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Varanasi est la ville la plus bruyante que j'ai traverse en Inde jusqu'a present. Les journees y sont rythmees par les frequentes et longues coupures d'electricite, consequence des trop nombreuses usines implantees pour traiter l'eau du Gange, polluant au passage les villages voisins jusqu'ici epargnes.
La vue sur les ghats de la plus vieille ville du pays, ou les rivieres Varuna et Assi se rejoignent, vaut a elle seule le detour. En dehors de cette activite touristique mais incontournable, la ville ne m'a pas charme mais j'etais ravie de la decouvrir avec Rahul, chez qui nous logions (enfin chez sa tante, la cousine de son pere).
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Nous avons admire les rives du Gange depuis une barque au crepuscule, assistant a la ceremonie de prieres quotidienne, puis aux cremations, elles aussi quotidiennes. Sans que ce soit programme nous avons fini par en voir une du debut a la fin (enfin presque), et au risque d'en choquer plus d'un, j'ai trouve ce spectacle bien moins morbide qu'un enterrement. Le tout a quelque chose de tres terre a terre, c'est le cycle de la vie et la mort, sans pudeur et sans artifices.
J'ai ete bien plus exasperee quand notre batelier a delicatement depose son gobelet de chai vide sur la surface du Gange, comme s'il s'agissait d'une bougie flottante. J'ai envisage un instant de l'attacher sur un des buchers fumants, mais la perspective de pagayer les 500 metres qui nous separaient du debarcadaire m'a retenu.
Sur l'un des ghats on peut admirer un petit temple nepalais dont les statuettes erotiques sont sans equivoque. Ces quelques figurines sculptees dans le bois des poutres font ressortir toute l'hypocrisie sexuelle de ce pays, ou les couples pretendent ne s'aimer que par les yeux, et ou un simple bisou sur la bouche est censure au cinema.

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Varanasi avec Rahul, c'etait aussi une apres-midi a Sarnath, ville ou Buddha vint prononcer son premier discours sur le "chemin du milieu" apres l'eveil a Bodhgaya; la visite de l'association de sa grand-mere qui s'occupe des femmes qui n'ont plus rien ni personne; la D Foundation, qui reunit des fonds pour les plus demunis, et l'ecole Krishnu Murti, qui est sous de nombreux aspects comparable a Pushp Niketan. 

C'est aussi a Varanasi, apres 2 semaines, que Natalia et moi nous sommes separees. Elle a rejoint Bombay pour quelques jours avant de s'envoler pour l'Europe. Je suis maintenant a Shantiniketan, qui signifie paisible demeure. Arriver jusqu'ici etait un periple en soi, mais ce sera au prochain episode, parce que le village ne dispose que de quelques heures d'electricite par jour et la coupure est imminente, me dit-on.

mardi 11 mai 2010

La version longue


Ok ok...Bodhgaya Express c'etait un peu limite comme resume. Alors remontons quelques jours en arriere.

Taupe vue sur Tiger Hill
A premiere vue, l'expedition ne vaut pas le reveil a 3h30 du matin. Non seulement il y a trop de nuages pour apercevoir la moindre montagne, mais en plus la colline est plus peuplee que les Galeries Lafayette la veille de Noel. La majorite des touristes sont indiens, donc 4 personnes sur 5 jettent leur gobelet de cafe par terre. Heureusement en s'eloignant un peu du troupeau, on trouve un coin paisible d'ou admirer le meme spectacle, a savoir un lever de soleil magique et mysterieux sur les montagnes himalayennes ennuagees.


On rentre a Darjeeling a pied, profitant d'une splendide vue et traversant les villages construits a flanc de colline pendant presque 3h. 
On a enchaine sur la visite du jardin botanique, une degustation de thes (mon prefere est le Puttabong, un the d'automne ambre, leger et fruite), et la decouverte de Petrichor, un cafe-atelier epatant tenu par un couple du coin. On y mange de la cuisine maison, on y peint, lit, discute, on y achete de l'artisanat fait main, le tout dans un decor familial et style. Un vrai repere d'artistes!
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Folle journee a Kolkata
Apres avoir depose nos sacs a la consigne de la gare, nous traversons la Hooglie en ferry, direction Victoria Memorial. La marche a travers le Maidan est epuisante. Cette partie de la ville n'est pas du tout faite pour les pietons. C'est une enfilade de grandes avenues sans ombre entourees de terrains de cricket. Je ne peux m'empecher de calculer le nombre de gens qu'on pourrait loger dans ces parcs bien trop grands.

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Pour fuir la chaleur, et parce que Natalia commencait a se sentir mal, nous avons decide d'assister a une piece de theatre qui venait de commencer a la Gallery of Fine Arts. C'etait en hindi, et c'est bien pour ca que je me suis regalee. Natalia a quitte la salle en plein milieu du spectacle et m'a dit de la retrouver a la clinique la plus proche. C'est la que la partie folle de la journee commence. Nous avons presque les memes guides (j'ai la version Inde du Nord en francais, elle a tout le pays en anglais) mais bien sur les cliniques indiquees ne sont pas les memes. Apres 2h de marche en plein cagnard j'ai vu 2 centres medicaux, mais pas de Natalia. Evidemment son tel n'a plus de batterie. Je me rends au cimetiere que je croyais etre Park Street, parce qu'on avait initialement convenu d'y jeter un oeil. Mon telephone n'a presque plus de batterie non plus, mais heureusement assez pour que Natalia arrive enfin a me joindre. On se donne rendez-vous a l'entree du cimetiere, ce qui, si j'avais ete dans le bon cimetiere, aurait ete facile! Ne le sachant pas, j'ai attendu, assistant malgre moi a une ceremonie a cercueil ouvert a l'entree. Finalement un vieux gentleman anglais, etonne de me voir la, s'inquiete de ma situation et m'aiguille vers le bon cimetiere. Quand j'arrive enfin a Park Street, je vois que Natalia a signe le registre d'entree, mais pas de sortie. On ne se trouve pas tout de suite, et se chercher entre les pierres tombales au milieu d'une semi jungle a quelque chose de surnaturel. 
En fin d'apres-midi on remonte vers la vieille ville, qu'on prefere tout de suite aux grands boulevards anglais. On traverse un centre commercial climatise, le marche aux viandes etouffant et puant, et arrivees devant un cinema populaire, on prend des billets pour la seance de 18h, parfait en attendant notre train. "Badmaash Company" est un pur produit de Bollywood. Beaucoup trop long, bourre de cliches, mais amusant. Observer le public en transe est presque aussi divertissant que de suivre le film en hindi (mais pas difficile a comprendre: moi gentil, toi mechant, moi aimer toi, dommage que toi pas aimer moi...ou alors si? FIN).

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Sur les traces de Buddha
A Bodhgaya on prend le temps de souffler. On a ralenti le rythme, volontairement ou sous l'effet de la chaleur.  On visite les nombreux temples le matin et au coucher du soleil. Le plus douloureux ce n'est pas la chaleur, c'est le fait qu'il n'y ait pas d'electricite. Donc pas de frigo, pas d'eau fraiche, pas de ventilateur. Dans les heures les plus chaudes, je pratique l'art de la sieste, comme hier, ou je teste le massage acupression, comme aujourd'hui (peut-etre le meilleur massage de ma vie).

 

Pour visiter la grotte dans laquelle Buddha a medite pendant 6 ans, on doit grimper un sentier escarpe, toujours en plein soleil. Mais le chemin vers l'illumination est seme d'embuches, et en pensant a Buddha (et surtout en mettant un pied devant l'autre), nous atteignons la grotte.
Le Mahabodhi Temple est le plus majestueux. Il a ete construit autour du peuplier sous lequel Siddhartha Gautama a ete illumine (enfin pas l'arbre original parce que la femme d'Ashoka l'a fait abattre, la garce) mais un tres beau et tres vieux quand meme, plante au meme endroit.